Laurent Ballesta est un photographe naturaliste née à Montpellier en 1974. Passionné par la mer, il devient moniteur de plongée dès l’âge de 18 ans et poursuit des études concernant l’écologie benthique (la faune et la flore qui vit sur les fonds des mers). Il achève son cursus universitaire avec un master d’Ecologie Méditerranéenne durant lequel il réalise la première cartographie bionomique des fonds marins de la Réserve Marine Naturelle de Cerbere Banyuls. A 25 ans il finit ses études en découvrant une nouvelle espèce de poisson en Méditerranée : le gobie d’Andromède. Après avoir rêvé de nager avec le plus vieux poisson au monde sur les bancs de l’université, ce rêve devient réalité en 2009 lorsqu’il le photographie pour la première fois en Afrique du Sud à 120 mètres de profondeur et entrainera par la suite la première expédition Gombessa (en référence au nom local du Coelacanthe) pour établir des protocoles scientifiques sur un spécimen vivant.
Par la suite, Laurent Ballesta a mené quatre autres expéditions qui l’ont mené dans des endroits aussi variés que la Polynésie Française, la Terre Adélie ou bien encore la Méditerranée pour à chaque fois étudier et illustrer des phénomènes, des habitats et une biodiversité encore jamais observé par l’Homme.
Chacune de ses expéditions comporte 3 axes principaux : la recherche scientifique, la performance et des images inédites.
Pour cette dernière expédition qui s’est déroulé en mer Méditerranée en 2019, Laurent a décidé d’explorer les profondeurs sur notre côte à plus de 120 mètres sous la surface de la mer pour nous offrir un spectacle que peu de personnes ont eu la chance d’admirer.
En temps normal, une plongée à ces profondeurs est très contraignante et nécessite de long paliers de désaturation. Ce qui est épuisant physiquement et limite fortement le temps passé sous l’eau en grande profondeur. Pour une plongée d’une dizaine de minutes à 120 mètres de profondeur, il faut des heures de décompression. Laurent Ballesta aidé de son équipe a réussi un tour de force en réunissant deux mondes séparés : celui de la plongée autonome en recycleur à gestion électronique à celui de la plongée à saturation du milieu industriel. Un vieux rêve de 20 ans qui nécessitait à l’époque trop de moyens juridiques, financiers et techniques pour se réaliser.
Pour pouvoir s’affranchir de la désaturation après chaque plongée, les quatre plongeurs Laurent Ballesta, Antonin Guilbert, Yannick Gentil et Thibault Rauby ont cohabité dans une station « Bathyale », un caisson de 5m2 pressurisé à 13 bars pendant 28 jours. Ce caisson reproduit les conditions de pression à 120 mètres de profondeur. À partir d’un certain temps passé dans les abysses, le corps atteint le point saturation et que l’on reste un jour, une semaine ou un mois en grande profondeur la décompression sera la même. Grâce à cette station, ils peuvent enchainer leurs journées de plongée en gardant la décompression pour la fin de leur mission. Quotidiennement, ils ont effectué des sorties pour explorer et étudier librement et sans limite de temps la zone crépusculaire entre 70 et 144 mètres de fond, de Marseille à Monaco.
Les fonds marins et récifs coralligènes sont difficiles d’accès et compliqués à étudier ce qui explique le manque de connaissance à leur sujet. Sous l’impact écologique de l’homme, ces milieux sont devenus des refuges pour la biodiversité. Les scientifiques ont mis en place des protocoles de recherche et de collection de données qui seront pour certains réalisés pour la première fois à ces profondeurs : cartographie, analyse des écosystèmes, recherche d’espèces rares (ADNe), bioacoustique, étude des niveaux de pollution et photogrammétrie.
Avec plus de 400 heures de plongée à quatre, l’équipe a pu photographier pour la première fois 21 espèces inconnues. Les plongeurs ont aussi eu l’occasion d’immortaliser des comportements jamais vu auparavant comme la danse des murènes, la reproduction des calmars veinés ou encore celle en pleine eau des limaces pourpres. Ils ont aussi pu faire de véritables découvertes scientifiques notamment concernant le corail noir : il n’est finalement pas un immense clone mais est composé de mâles et de femelles.
Grâce à son documentaire, Laurent Ballesta nous offre des images spectaculaires, inédites et nous surprend en nous offrant des images exotiques venant de lieux proches que nous connaissons tous très bien. Il nous donne une autre image de la Méditerranée. En cette période de crise sanitaire, il est important de relativiser cette notion d’exotisme qui se compterait en nombre de kilomètres parcourus. Alors que c’est une histoire de regard, d’attention que l’on porte aux choses.